Recherche-action collaborative “Plantes sauvages comestibles et résilience alimentaire en milieu urbain”

Nous menons cette recherche-action-collaborative (RAC) en parallèle et conjointement à notre formation à la cueillette des plantes sauvages comestibles dans des zones urbaines et péri-urbaines (3 stages « saisonniers » sur 9 mois) à destination de jeunes précaires Franciliens. La RAC constitue une démarche qui vise, par le dialogue entre experts, chercheurs et praticiens, à produire une connaissance partagée, multi-référencée et située (Les Recherches actions collaboratives : une révolution silencieuse du savoir, colloque international IRTESS – Dijon 2013).

Une palette de pratiques émergentes, autour de l’agriculture et de l’élevage urbains et périurbains, contribuent aujourd’hui à réorganiser le rapport de nos sociétés à la nature, jusqu’ici largement influencé par une idée d’opposition avec une nature jugée dangereuse ou menaçante, et régulé par l’accès aux espaces verts et aux interactions naturelles sous des formes inégalitaires (Faburel G., 2008), et largement codifiées à l’intérieur de « [zones] de la réalité où l’on pourrait sans souci se débarrasser des conséquences de la vie politique, industrielle et économique des humains » (Latour B.,2004).

Peu étudiée à notre connaissance, la cueillette tient, parmi ces pratiques, une place particulière puisque elle implique de conquérir et occuper des espaces le plus souvent interstitiels ou autrement codifiés dans les usages : en ce sens elle peut être perçue comme subversive (McLain R. et al.,2014) ou marginale, et rencontrant des difficultés à être légitimée, comme c’est le cas dans un certain nombre de métropoles américaines (ibid). Pour ses pratiquants, au contraire, elle peut constituer une forme forte de réappropriation des espaces et de redécouverte de la nature, à grande valeur sociale.

L’objectif général de notre recherche est celui de comprendre comment cette activité particulière est mise en réflexivité par les participants à la formation, en interrogeant l’impact de celle-ci tant sur leur représentations de l’environnement, la nature et l’alimentation que sur leur pratiques nourricières.

Après une brève introduction à la démarche RAC et aux motivations qui ont mené Connected by Nature à l’intégrer à ses actions, notre communication se limitera à présenter les résultats relatifs aux représentations, en particulier à travers :

• une analyse des déterminants sociaux et culturels motivants la participation à la formation,
• une illustration du processus de transformation des représentations notamment associées à la cueillette et la résilience alimentaire des participants et animateurs au cours des stages.
• une première réflexion sur le degré de convergence des valeurs associés à l’activité de cueillette et à la formation des participants au fil du temps (réduction de l’empreinte écologique, sensibilisation aux enjeux de l’adaptation au changement climatique, augmentation de la résilience alimentaire, socialisation, prise de conscience politique).

Au niveau méthodologique, vu l’échantillon restreint, cette partie de la recherche se base sur des outils ethno-anthropologiques : observation participante de la formation, entretiens semi-directifs et focus-group thématiques avec participants, formateur et membres de l’association.

Bibliographie :

– Faburel G., 2008, « Les inégalités environnementales comme inégalités de moyens des habitants et des acteurs territoriaux », Espaces, populations sociétés, n. 1

– Latour B.,2004, Politiques de la Nature, Paris La découverte

– Lyet P. et al., 2015, Les RAC une révolution silencieuse du savoir, Presses de l’EHESP Rennes (à paraître)

– McLain R. et al.,2014, « Gathering “wild” food in the city: rethinking the role of foraging in urban ecosystem planning and management », Local Environment, vol. 19, n.2